« Avec en moyenne plus de 760 mm de pluie tombés entre la fin des vendanges 2019 et le début du débourrement fin mars 2020 sur la région du Médoc, nous savions que le mildiou avait de belles réserves devant lui pour débuter ce millésime 2020 !
La légère chute de neige le 30 mars et le petit gel (-1) du 4 avril sont purement anecdotiques en comparaison de ce qu’il allait se tramer quelques semaines plus tard.
J’ai pu constater l’apparition des premières tâches sur feuilles dans mon vignoble dès le 9 mai. Puis des symptômes de plus en plus persistants et vigoureux à partir du 29 mai présageaient déjà une surveillance et une réactivité renforcées.
Rares parcelles intactes
Entre ces 2 dates, la floraison de la vigne s’est amorcée rapidement autour du 18 mai, soutenue par des températures particulièrement élevées et une période de près de 3 semaines sans pluie. Le mildiou a donc été bercé entre des périodes particulièrement humides (pluies, brumes matinales) et des périodes très ensoleillées.
Vers le 8 juin, alors que la floraison s’achève sur des parcelles tardives, on peut entendre ça et là que le mildiou a occasionné des dégâts plus ou moins importants sur la quasi-totalité des vignobles de Bordeaux.
Désormais, rares sont les parcelles intactes de tout symptôme. Les pertes à déplorer sont difficilement quantifiables avec exactitude mais elles peuvent aller jusqu’à 100% de grappes détruites. Quant aux pieds de vignes servant de témoins non traités, au 1er juin, ils avaient perdu toute leur récolte.
Fiabilité et entretien des matériels: primordial pour réussir
La virulence de l’attaque de mildiou pour ce millésime 2020 continue encore à ce jour à donner du fil à retordre aux viticulteurs. Une telle pression cryptogamique restera dans les annales selon toute vraisemblance.
L’organisation des chantiers de traitements, qu’ils soient individuels ou collectifs est un véritable casse-tête ! Les cadences devant être raccourcies, les hommes et les engins sont mis à rude épreuve. Il est primordial dans ces conditions-là d’avoir du matériel fiable et bien entretenu.
L’IFT 2020 de nos propriétés va côtoyer des niveaux rarement atteints.
Il ne faut cependant pas baisser la garde et continuer à lutter autant qu’il se peut contre ce champignon très vorace !
Belle croissance des grains épargnés
Je peux signaler un point positif en ce qui concerne le grossissement des raisins, qui se déroule de façon assez rapide et spectaculaire. Le prochain stade de développement des baies sera la fermeture de la grappe, lequel nous permettra de mieux appréhender l’aspect quantitatif de la future récolte !
Dans un contexte déjà fortement perturbé, je pense que ce surcroît de travail et d’investissement nous appelle à être encore plus vigilants dans nos choix et nos itinéraires techniques actuels et à venir.
Pour conclure, n’oublions surtout pas que l’on ne commande la Nature qu’en lui obéissant… »
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